Récit Grand Raid de La Réunion – Partie 3/3
Suite et fin du récit de Julien (3/3), un de nos Chullis, parti conquérir la fameuse Diagonale des Fous (Grand Raid) le mois dernier.
Retrouvez ici la 1ère partie et ici la 2ème partie du récit.
Tout va bien sur le Grand Raid de La Réunion
J’arrive sur le fameux chemin des anglais dont j’ai souvent entendu parler : des montées, des descentes, du dévers et pas un pavé à la même hauteur. Je négocie bien les montées en récupérant pas mal de places, mais je reperds une bonne partie sur la descente suivante à chaque fois.
C’est dommage car je me sens frais à ce moment là de la course et l’énergie est là. J’ai pu lire les nombreux messages d’encouragements de mes proches et je sais que le prochain ravito à la possession va me permettre de voir Aurélie, ma femme et mes 3 enfants Raphaël, Léa et Martin.
J’arrive à la possession un peu avant 16h. Je fais un ravito éclair en prenant juste le temps de recharger mes flaques et manger un peu de charcuterie, chocolat et bananes.
Ma petite famille m’attend un peu plus loin, je préfère prendre le temps de rester un peu avec eux, ils sont au taquet et leur énergie me fait un bien fou . Aurélie m’apprend que mon collègue Julien S a terminé en 36h05 à la 121ème place ! Je suis content pour Julien et l’annonce de cette sacré performance me donne encore un peu plus de jus pour la suite.
Ça commence à sentir bon, les 23 derniers km. Je sais maintenant que je finirais quoi qu’il arrive, j’ai juste envie d’en finir le plus tôt possible et retrouver ma famille suffisamment tôt pour profiter de la soirée avec eux. Je redouble d’efforts en montée pour arriver à Colorado à 20h15.
La dernière descente vers le stade de la redoute est très technique et me paraît une éternité. C’est un calvaire pour ma cheville, je suis au ralenti et me fait régulièrement doubler. On finit par entendre les bruits du speaker, le stade de la redoute se découvre tout de suite après les derniers lacets de la descente. Là, je retrouve cette ambiance incroyable du départ qui fait dresser les poils… J’en oublie même ma cheville pour courir les 500 derniers mètres.
Je suis finisher de la Diagonale des Fous
Mes enfants me rejoignent sur les 100 derniers mètres pour passer la ligne avec moi, un moment de plaisir tellement fort après ce long chemin!
Ca y est le calvaire est terminé, 166km pour 9600 m de dénivelé, je termine 833e en 47h40. C’est 3 heures de moins que l’objectif que je m’étais fixé, je suis content de ma course.
Mais plus que ces chiffres qui finalement ne veulent pas dire grand chose, je retiendrais cette ambiance incroyable, les sourires et encouragements de ces gens que l’on croise un peu partout sur le parcours, ces ravitos « sauvages » de ces riverains de la course qui installent 2 tréteaux et vous servent des jus de fruits frais ou des sirops sans n’avoir rien à y gagner, si ce n’est le plaisir d’un merci ou d’un sourire. Ou encore ce ravito improvisé avant le village de Marla, sur une zone presque coupée du monde, accessible uniquement par 2h de marche où l’on nous a servi une tisane divine.
Mais aussi ces paysages incroyables qui vous font passer d’une végétation luxuriante à des paysages volcaniques, ces changements de températures qui vous emmènent du gel d’une nuit froide en montagne à la chaleur du littoral en pleine journée.
Le grand raid, c’est aussi tous ces messages de mes proches, amis, collègues qui m’ont suivi, parfois à des heures tardives, apportant réconfort et motivation. C’est parce que la diagonale est tout cela à la fois qu’elle vous fait faire l’ascenseur émotionnel et vous procure autant d’émotions.
C’est une course mythique, à part parce qu’elle fait battre le coeur de l’île pendant 3 jours et qui restera gravée dans le mien à jamais.
On se retrouve sur les réseaux ?