Récit Grand Raid de La Réunion – Partie 2/3
Suite du récit de Julien (2/3), un de nos Chullis, parti conquérir la fameuse Diagonale des Fous (Grand Raid) le mois dernier.
Si vous avez loupé la première partie (1/3), c’est par ici.
La fatigue commence à se faire sentir
Je passe le ravito ‘pleine des merles’ et attaque la longue descente vers Ilet à Bourse. Ma cheville tourne sur un appui, ça arrive souvent mais je sens que la torsion est plus prononcée que d’habitude. La douleur immédiate s’estompe après quelques centaines de mètres, on verra plus tard…
Je sens le besoin de dormir, vivement Grand Place que je puisse récupérer un peu. Il y a du monde sur ce ravito, les lits de camps sont pris d’assaut, pas possible de dormir plus de 30 min. Les bénévoles viennent nous réveiller une fois le temps écoulé. Dommage, j’y serais facilement resté 30 min supplémentaires. Je repars encore bien fatigué avec la hâte de passer les 100km, c’est bon pour le mental et ça permet de commencer à se projeter sur la dernière partie de la course.
Nous sommes en pleine nuit et la fatigue se fait sentir pour tout le monde. Dès que le terrain le permet et que le sentier s’élargit suffisamment, des dizaines et des dizaines de couvertures de survie réfléchissent la lumière de nos frontales sur le bas côté. La scène se répète à plusieurs reprises, des concurrents épuisés dorment à même le sentier, c’est dur pour tout le monde…
Rencontre d’un compagnon de route sur le Grand Raid
Je profite un peu plus tard du point médical sentier scoot pour compléter mon sommeil de 30 mn supplémentaires. Je me suis calé sur le rythme d’un local réunionnais avec qui la conversation s’engage depuis une dizaine de km.
J’aime bien son discours plein de sagesse et de respect vis à vis de cette montagne qu’il a l’air de parfaitement connaître. Il me dit « maïdo tête dure porte bien son nom, il a la tête dure tu verras. Si tu ne le respectes pas, lui il va pas te manquer. »
Nous décidons donc de faire un somme de 30 mn sur ce poste médical, à même le sol, emmitouflés dans nos couvertures de survie, car en pleine nuit, la température commence à piquer.
Je continue à suivre la foulée prudente et sûre de mon compagnon de route. Il a l’expérience avec lui avec 6 diagonales terminées à son actif. Nous avançons doucement mais sûrement vers la principale difficulté, la montée à roche plate, suivie de la montée au maïdo. Presque 2000m de d+ sur 14km…
La première partie vers roche plate est très raide, et on sait que ça ne fait que commencer, c’est dur dans la tête et cela semble interminable. Mon compagnon de route reçoit alors un appel de sa cousine (à 3h du matin, cela surprend au départ). Il me fait signe de continuer, on se retrouvera peut être plus tard.
Après roche Plate, ça monte toujours très raide vers Maïdo mais le moral revient avec les premières lueurs du jour.
Deuxième lever de soleil sur le Grand Raid
Un spectacle magnifique s’offre à nous avec une vue imprenable sur tout le cirque de mafate. Le terrain de jeu qui nous a occupé toute la nuit est là juste sous nos yeux, un moment fort de cette aventure!
Le maïdo est maintenant tout proche et on entend les encouragements du public venu en nombre sur ce point de passage, ça rebooste! Encore une petite descente et le ravito est le bienvenu pour recharger et reprendre des forces, cette ascension a demandé pas mal d’énergie, il va falloir recharger les batteries pour se projeter sur cette dernière journée ( Je l’espère …).
Il reste encore plus de 50km, j’aurais tort de penser que c’est gagné, il peut encore se passer beaucoup de choses. Je dors 30 mn supplémentaires pour démarrer la journée frais et dispo et repars dans la longue descente (15 km) vers Ilet Savanah.
Le début de la descente me permet de dérouler un peu en trottinant tranquillement. Les cuisses vont bien mais au bout de 8/9km, la cheville que j’avais sentie tourner il y a une 20e de km commence à se réveiller et la douleur avec.
Je ralentis le rythme en serrant les dents jusqu’au prochain ravito qui est une base de vie, je pourrais prendre le temps de me doucher, enfiler une tenue propre, dormir une dernière fois 30 mn et prendre un bon repas chaud. Cette cheville m’inquiète un peu, la douleur est vive et il reste encore presque 40 km…
Je repars 1h15 plus tard, avec un poil d’incertitude. Pourtant, rapidement je trouve une démarche pas très académique mais qui me permet de maintenir un bon rythme en marchant vite sur le plat et en montée. Les descentes sont par contre très compliquées à négocier et la douleur me lance.
La suite et fin du récit, c’est par ici.
On se retrouve sur les réseaux ?