Rinjani, la Nationale qui mène aux nuages – Part 3
Romain, notre Chull’ Ambassadeur membre du chat communautaire, vous livre son aventure sur le Mont Rinjani, sur l’île de Lambok en Indonésie.
Retrouver la dernière partie de ses aventures sur le célèbre volcan indonésien !
Pour ceux qui n’auraient pas encore lu la première partie, c’est par ici !
La seconde partie est ici également !
Rinjani summit 3726m
J’y suis ! Le spectacle est très rapide, environs 20 minutes avant que les nuages ne nous envahissent de nouveau. En haut, pas de vue sur le lac mais seulement une vue sur Bali. Le balai des nuages est de toute beauté, cela s’apparente à une danse de mousse dans le ciel. On dirait même qu’ils essaient de nous narguer en nous cachant le soleil. Juste le temps de faire quelques photos et la vue se dégrade.
Mon groupe arrive sans guide. Je leur dit de ne pas trainer car les nuages en montagne ce n’est pas drôle (comme Davy Laurent le spécifie dans son récit). Je commence ma descente tout seul car le groupe ne veut pas m’écouter. La descente est juste énorme. Une pure partie de plaisir, il suffit juste de jeter ses appuis dans le sable et tout se passe bien. Sur les côtés, des gens allongés par terre, des gens qui rampent, une scène apocalyptique mais amusante. Je m’arrête tout de même auprès de chacun d’entre eux afin de savoir si tout va bien. Le jour se lève et je découvre le paysage enfoui sous les nuages. J’aimerais tellement le voir par temps clair, cela à l’air tellement beau. À mi-descente, je croise mon guide que j’avais presque oublié, mais il nous suit ce coquin. Cette fois-ci, il est quand même équipé. Bonnet, blouson en cuir, gants de jardinage puis chaussettes et chaussures de foot. Il me demande où sont les autres et s’empresse de les retrouver. Les chinois quant à eux, ont abandonnés.
Durant la descente j’espère retrouver Damien qui avait prit du retard lors de la montée. Je ne le vois pas et commence à m’inquiéter puis je me dis qu’il a dû redescendre. Dimitri, notre colocataire de tente me suit alors que nous arrivons au col. Un petit spectacle commence car le lac montre le bout de son nez à travers les nuages et la montagne. Nous pouvons même apercevoir le volcan Baru en train de fumer.
Une pause s’impose. Le chemin du retour est creusé à travers la roche volcanique, comme un air de canyon américain super glissant.
Camp de base 2600m
Avec Dimitri nous revenons au camp de base en 1h30 où j’y retrouve Damien allongé dans la tente. Il n’a pas l’air bien, il me dit qu’il est tombé sur le bras durant la montée. En effet son bras et bien gonflé et égratigné. Je m’en veux de l’avoir laissé seul. La montée ne s’est pas très bien passée pour lui. Mal équipé et frappé d’une fringale il s’est vu obligé de renoncer. Personne n’a voulu lui donner un morceau de barre de céréale alors qu’il était allongé au sol suite à sa chute. Il lui manquait peut- être un cracker.
Le camp est encore endormi, Yacine et les porteurs vont mieux, ils nous ramènent gentiment le petit-déjeuner. C’est tellement meilleur après un gros effort. Yacine a pris de bonnes habitudes et nous rejoint dans la tente afin de parler. Les autres arrivent, au final nous sommes seulement 4 sur 9 personnes à avoir atteint le sommet. À ce moment-là, les conditions ne sont toujours pas au top et tout le monde veut redescendre avec moi. Ils veulent mettre un terme à leur trek de 3 jours.
Décision prise, tout le monde redescend par le même itinéraire que la montée direction Sembalun. Les porteurs en profitent pour laisser quelques vivres aux autres compagnies de trek. Coup de théâtre, le soleil revient, et ca tape fort. Petit problème, il n’y a plus assez d’eau pour nous. L’organisme est désolé et ne comprend pas forcément les réactions de certains clients alors que les porteurs n’ont pas bu depuis un bon moment.
Damien et moi profitons de cette descente afin de s’initier au porté de panier. Les paniers sont beaucoup plus légers lors de la descente, environ 10kg contre 25/30kg lors de la montée. Le changement d’épaule n’est vraiment pas évident, une bonne technique est nécessaire. Le porteur en profite pour manger le temps que nous jouons avec ses paniers. En contre bas, nous remarquons un porteur pas très motivé et tout trempé. Il engage la conversation avec Yacine mais nous ne comprenons pas ce qu’il dit. En fait, il a juste dit: « Je n’ai pas envie ! » …
Arrivé au camp II, la soif nous fait acheter une bouteille d’eau au petit stand mais nous ne buvons pas tout. Tout le monde a soif et encore une fois nous sommes les seuls à partager avec le staff. Le groupe fait bande à part et part devant, nous décidons de profiter de ces derniers moments afin de faire quelque photos avec Yacine et les porteurs car la fin approche. Les deux chinois profitent de la moto Taxi afin de raccourcir leur souffrance physique. Nous finissons ce trek à quatre, un moment simple mais mon préféré.
Sembalun 1156m
Une fois arrivés, nous reprenons notre tout petit camion mais cette fois-ci à treize personnes dans la beine. Yacine me tend le tour de cou que je lui avais prêté, je lui offre et Damien fait de même avec le sien. J’en profite également pour laisser mes chaussures au porteur même si je sais qu’il ne les mettra pas. Les au-revoir sont rapides mais les souvenirs restent.
Analyse
Ce moment marque pour moi la fin d’une belle aventure humaine. Une leçon de vie pour les amoureux de montagne. En aucun cas je ne regrette d’avoir pris ce trek organisé, cela m’a ouvert les yeux sur beaucoup de points.
Maintenant, je souhaite parler de choses qui fâchent, parlons argent ! Après négociations, ce trek m’a quand même coûté 1.500.000 roupies ce qui équivaut à peu près à 100€. Cela représente une somme chez nous alors imaginez là-bas. Le salaire moyen est de 308€/mois.
Un guide est payé 37€ / trek Un porteur est payé 31€ / trek
Pour ce trek, 2 guides = 74€ 5 porteurs = 155€ Sur un groupe de 9 personnes soit 900€, il reste donc 671€
La question que je me pose est : à qui revient tout cet argent ?
Mon bilan est clair, il y a des personnes qui se gavent sur le dos de ces pauvres gens. Certes il reste les transports et la nourriture mais cela représente une minuscule partie du budget. En revenant, nous avons échangé avec le « boss » à ce sujet, et cette personne se désintéresse complètement des conditions dans lesquelles évoluent leurs employés. J’ai vraiment été touché et attristé de voir des gens subir autant à cause de leur « boss ». Le rôle du boss ne doit pas s’arrêter à distribuer les salaires. Voir des « professionnels » aussi mal équipés en haute montagne est scandaleux. Ils sont tout même chargés de la sécurité de leurs clients.
Pour finir je dirais que ce trek est quand même une chose à faire si vous êtes dans le coin. Il n’est pas nécessaire de passer par une organisation car s’orienter ne pose vraiment pas de problème. En revanche, je conseille vivement à tout le monde de s’équiper en conséquence car les conditions peuvent vite tourner. Il ne fait pas toujours beau, n’écoutez pas les « guides » car leur but sera seulement de vous vendre un trek. Comme toute bonnes randonnées, regardez les conditions météos avant de partir. Pour ma part, je me suis fié à mountain-forecast et meteoblue, ils ne se sont pas trompés.
Je pense que ce trek est réalisable en une journée mais il faut sacrément être en forme car la seconde partie vous demandera un bon effort. Deux jours est la durée idéale si vous ne voulez pas passer par le lac. Comptez 3 jours pour passer par le lac.
Si vous voulez effectuer ce trek n’hésitez pas à me contacter sur les réseaux sociaux car je sais qu’il est difficile de trouver des témoignages.
Vous pouvez trouver mes temps (allure correcte) ci-dessous.
Départ à position = 1h Position 1 à position 2 = 30min Position 2 à position 3 = 30min Position 3 à camp de base = 2h Camp de base au sommet = 2h45
À l’avenir, je songe organiser une éventuelle expédition humanitaire au Rinjani afin d’apporter un minimum d’équipement (bonnet, tour de cou et gants) à tous ces porteurs et guides. Pourquoi pas un partenariat avec Chullanka 😉 »
C’était la dernière partie du récit d’aventures de Romain sur le Mont Rinjani. Merci à lui d’avoir pris le temps de nous conter ses aventures ainsi que pour les photos qui reflètent parfaitement son aventure !
On se retrouve sur les réseaux ?