Un Chulli au Kilimandjaro
Antoine, Chulli du magasin Chullanka Bordeaux, garde un souvenir fort de son ascension du Kilimandjaro. Il a partagé son expérience avec vous pendant le salon Destinations Nature 2018 et réitère son récit sur le Blog des Chullis pour le plus grand plaisir des passionnés de montagne que nous sommes !
» Ce matin-là, je retrouve un client dans la queue pour l’enregistrement des bagages à Roissy. Tout aussi surpris que moi, nous allons faire le voyage ensemble. Je découvre le groupe qui sera limité à 8 personnes. Programme Paris Addis-abeba en Ethiopie puis changement, et Kilimandjaro Airport en Tanzanie.
Arrivée après 10 heures d’avion, sur le tarmac.
La queue se forme rapidement près du seul bureau de douane pour les 300 passagers de l’avion où le seul stylo, mis à disposition pour remplir différents formulaires, est pris d’assaut.
Une fois passé, le minibus vient chercher notre groupe, pour un transfert à l’hôtel, près d’Arusha, la ville du coin. À l’hôtel, c’est le moment de vérifier les affaires, nos sacs à dos et de valider ou non le matériel qui sera emporté : un sac de 30 litres maximum pour la journée avec les affaires à prendre avec nous. Puis un sac plus gros que les porteurs prendront avec eux. Globalement, un à 2 porteurs par trekkeur, un guide, 2 aspirants guide, un cuisinier, et un préposé aux toilettes.
Nous ne sommes que 8 et pourtant l’amoncellement de sacs est impressionnant !
Après une première nuit tranquille dans un vrai lit (et un excellent repas), les porteurs chargent le minibus de nos bagages.
Départ vers Machame gate, une des portes qui permet l’accès au parc.
Nous signons les registres au bureau militaire (oui, le parc est gardé par des militaires). Il s’agit d’un gagne-pain absolument indispensable pour le pays donc bien protégé. Les files de porteurs des différents groupes se réunissent. Une vraie armée, chargés de sacs allant parfois jusqu’à 40 kg !
L’heure du départ a sonné ! Nous passons sous la fameuse porte triangulaire. Sous un rythme très lent, imprimé par notre guide.
Jour 1. La première journée s’inscrit pour la grande majorité avec une marche sous une foret humide, ou parfois quelques singes seront aperçus à traverser le chemin. Il est très bien entretenu, bien qu’emprunté tous les jours par des dizaines de personnes. Le Kilimandjaro voit ses pentes empruntées par des milliers de trekkeurs chaque année !
Bien que l’ascension ne présente aucune difficulté technique, ni matériels d’alpinisme trop particulier (je suis arrivé en haut en chaussures basses…) Le Kilimandjaro reste un sommet qui culmine à 5895 m, donc il s’agit de haute montagne. Alors prudence ! Chaque année quelques décès sont à signaler sur les pentes. Le risque est là, même bien préparé.
Plus nous grimpons, plus la végétation se fait clairsemer. Nous ne voyons pas le Kilimandjaro de là où nous sommes. Enfin… Nous n’apercevons pas le sommet. (Le volcan fait près de 80km de large ! ). Puis les arbres disparaissent aussitôt les 2800m atteints. Nous continuons, longeons des crêtes embrumées. Les porteurs forment une sorte de longue chenille articulé qui marche beaucoup plus vite que nous, malgré leurs charges.
Enfin arrivés au premier camp. On se retrouve donc au milieu de dizaine de tentes d’expéditions. On retrouve nos porteurs partis après nous, arrivés avant, qui ont montés le camp, préparé une tente messe dans laquelle le repas est servi ! Un pur régal d’ailleurs de se mettre les pieds sous la table après une belle journée. La soirée permet de faire davantage connaissance avec le groupe, ainsi qu’avec les porteurs et guide. Puis la nuit tombe rapidement, et le froid commence à saisir. Nous sommes à 2890 mètres environ. Même en Afrique, il fait froid à cette altitude !
Nous gagnons nos tentes pour une excellente nuit ! Les autres ne seront pas aussi bonnes…
Jour 2. Le lendemain, départ après un petit dej’ local dans la tente messe. En prenant de la hauteur, nous nous rendons compte de l’étendue du camp (parfois en pleine saison il peut y avoir jusqu’à 1000 personnes sur un même camp ! ).
Après quelques heures, la végétation se fait vraiment rare. Le sommet du Kilimandjaro lui est visible, presque accessible et pourtant pas si près.
L’ascension par Machame se fait en 7 jours en comptant la descente. Nous ne montons pas en ligne droite, mais plutôt en spirale, alors que la descente, elle, se fait beaucoup plus directement.
Arrivé au second camp de base à 3 840 m, le rythme est toujours aussi lent, mais il fait du bien, car le cœur bat plus vite, et beaucoup peine à calmer les battements même à l’arrêt.
Le process est toujours le même : enregistrement au « bureau » militaire de tout individu présent sur le camp de base. Puis repos sur le camp. Photos, petite excursion des environs pour admirer la vue, magnifique sur le mont Meru à l’horizon. Repas puis retour dans les sacs de couchages pour une bonne nuit de sommeil. Pas si bonne ! Les battements du cœur si fort sont un signe de l’altitude pas négligeable.
Les premières personnes commencent à ressentir des symptômes comme un mal de tête léger qui ne justifie pas d’arrêt immédiat ou de redescente obligatoire.
Le Doliprane devient un vrai copain dans ses moments-là.
Jour 3 : Départ sous un soleil radieux, dans un univers dépourvu de végétations …lunaire !
Jusqu’à « Lava Tower » à 4600 mètres où nous déjeunons. Un premier malade se fait sentir. Rythme haletant, n’urine plus.. Nous ralentissons, il prend un Diamox (vasodilatateur puissant) qui élimine ses symptômes. Puis dans l’après-midi, nous redescendons jusqu’au camp de base suivant qui est à peu près à l’altitude que nous avions eu la nuit précédente (3960 m).
Jour 4 : Marche pour atteindre Karanga Camp à 3995 m. Remontée impressionnante de la grande muraille de pierre (Barranco), quelques passages nécessitent de s’aider des mains. Après une traversée, faite de montées et de descentes sur les flancs du Kilimandjaro, arrivée dans la vallée de Karanga à 3995 m.
Jour 5 : L’excitation nous gagne, le sommet du Kilimandjaro se rapproche même si pour l’instant nous avons grimpé puis tourné autour de celui-ci. Nous remontons une moraine jusqu’au camp de Barafu à 4640 m. Le cratère du Mawenzi (5149 m) s’offre, majestueux, et au-dessus de nos têtes. Préparation du sac pour l’ascension finale et repos, car le départ se fera avant minuit !
La journée a été épuisante ! Montée, descente, puis remontée, sans oublier que le départ vers le sommet se fait dans quelques heures au milieu de la nuit ! Repos dans nos tentes respectives après un bon repas. Le camp de base est moins étendu que ceux plus bas. Impossible de trouver le sommeil. Pas à cause du froid, car nous sommes tous très bien équipés. Mais à cause de l’excitation générale, et il en va de même pour tout le monde !
Le guide est motivé lui aussi, il avance le départ à Minuit.
Minuit est arrivé !
C’est le départ à la frontale jusqu’au sommet.
Doucement, c’est le maître-mot. La nuit nous enveloppe, il n’y a pas de bruit si ce n’est le bruit des bâtons sur les rochers. Une longue file indienne de lampe frontale vient illuminer le chemin. La montée est interminable, mais quel bonheur d’arriver sur le bord du cratère vers 5h30 au petit matin, une heure plus tard, nous serons au sommet.
De part et d’autre, un peu de neige. Elle craque sous nos pieds et le bonheur se fait sentir sur les visages de chacun. Un vrai moment de joie !
Il y a 2 panneaux au sommet du Kilimandjaro pour que les gens puissent immortaliser ce moment tout en haut.
Sur la gauche, un bout de glacier. Sur la droite, le lever de soleil sur le Mawenzi, magnifique !
Quelques embrassades et photos plus tard, je suis malade. Je vomis. Voile noir. Il est temps de redescendre. Alors sans attendre la suite du groupe, un des aspirants guides me suivra jusqu’au camp de base, et redescente en courant pour éviter les risques d’œdème, qui peuvent être fatals si pas pris rapidement en considération !
J’arrive seul ou presque dégoulinant de sueur après un footing de 1000 m négatif à fond et toujours chaudement habillé. Les porteurs m’accueillent en applaudissant, ils feront la même chose avec tous le groupe !
Puis une chanson en guise de récompense ! Exceptionnel moment ! Celui-là, je l’ai partagé seul avec eux, et j’en garde un des meilleurs souvenirs !
Hakuna Matata ! Aucun problème.
Repos sur le camp pour 2 petites heures avant de repartir vers la base du volcan.
Nous avons quelques heures de descente jusqu’au dernier camp avant le retour à la civilisation.
Rebelote, l’ensemble des porteurs de chaque groupe chantent, dansent, et c’est aussi l’heure des pourboires ! Nous donnons au guide, qui répartit en fonction des rôles de chacun.
Après une nuit, une vraie bonne nuit de vrai sommeil, dans la végétation, nous reprenons le chemin. Nous avions parié avec le guide et porteur que nous arriverions avant eux à la porte du parc 15 km plus bas. La course fut engagée et le pari tenu ! Nous avons couru jusqu’en bas au travers d’une forêt de plus en plus dense, mais toujours aussi bien entretenue !
Excellente journée encore une fois !
La suite classique. Un petit tour chez le cousin, pour acheter des souvenirs du coin. Un petit tour à l’hôtel pour un décrassage et une bonne douche dans les règles.
Puis retour à l’aéroport, pour un retour sur Paris.
Irréel, en une semaine, quelques milliers de kilomètres, de merveilleux moments de sports, de nature, un sommet très sympa, bref à refaire ! »
Et vous le Kilimandjaro vous tente aussi ? N’hésitez plus et partagez votre aventure avec nous !
On se retrouve sur les réseaux ?